J’ai toujours eu un rapport conflictuel avec mon corps. Au fil des années, il s’est amélioré. J’ai un peu fait la paix avec lui, jusqu’à ce qu’il ne soit plus systématiquement un fardeau.
La vérité, c’est qu’on ne peut jamais faire abstraction de son corps. On ne peut pas le faire disparaître. On ne peut pas vivre indépendamment de lui, choisir de soustraire complètement aux regards. Pourtant, souvent, j’ai tenté de l’effacer. Des vêtements amples, sombres, comme une cape d’invisibilité qui dit : “Laissez-moi tranquille, je ne veux pas être regardée, jugée, comparée.”
Mais en fait, celle qui regarde, juge, compare… c’est moi. Depuis toujours. Depuis mon enfance, je m’interroge sur le rapport au corps et l’impossibilité de s’en affranchir. Pourquoi certaines semblent avoir tout gagné à la loterie génétique, quand nous autres devons nous contenter d’un corps fonctionnel, trivial, mais pas spécialement désirable ? Pourquoi l’apparence physique joue-t-elle un rôle aussi déterminant dans la confiance en soi des femmes ?
Ces derniers mois, cette question est revenue, de manière quasi obsessionnelle. Parce que le rapport au corps évolue forcément quand on vit toute l’année au soleil. Ils sont toujours là, les corps. Le sien et ceux des autres. Exposés, parfois scrutés. Des peaux qui brunissent comme il faut sans rougir, des silhouettes qu’on devine parfaites sous des vêtements toujours plus légers. Une toute autre notion de la pudeur. Le poison de la comparaison qui menace de refaire surface à chaque coin de rue. L’estime de soi, corrélée à sa valeur sur “le marché de la bonne meuf”.
Je m’interroge à nouveau. Sur ce que je ressens, sur ce que je vois. Est-ce qu’on apprend à aimer son corps quand on n’a plus le choix ? Ou est-ce qu’on se résigne à vivre avec, sans jamais l’accepter complètement ?
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A travers une série d’articles, je vous propose d’explorer le sujet de la relation au corps avec moi. Prochain épisode la semaine prochaine : Le corps dont on hérite.
2 COMMENTAIRES
Delacour
4 mois Il y aBonjour Nathalie,
J’espère que tu vis une belle aventure…merci pour tes écrits sur ces corps dont nous ne pouvons nous passer mais qui sont pour certaine leur pire ennemi 😊
Nathalie Vanhove
3 mois Il y a AUTEURBonjour Agnès,
Merci pour ton commentaire. Effectivement, notre corps est bien souvent notre pire ennemi, et on passe une bonne partie de notre vie à essayer de faire la paix avec. Une paix; toujours fragile, c’est ce que j’essaie de montrer ici.