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Le poids du corps #4 – Le sport

Surpoids et sport font rarement bon ménage. Dès l’enfance, on associe le dynamisme à la minceur. Être fin et élancé, c’est être à l’aise dans son corps.

Comme toutes les petites filles, j’ai essayé la danse. Sans aucun sens du rythme, je n’ai pas insisté. Fascinée par Roland-Garros et les tenues des joueuses, je me tourne vers le tennis. Mais, en plus de mon surpoids, j’ai vite compris que je n’étais pas très douée. Et dans les années 90, on vous faisait bien sentir que pratiquer un sport sans rechercher la performance était inutile. Un raisonnement absurde qui pousse tant d’enfants vers la sédentarité. Ces mêmes enfants qui vivront l’humiliation au collège de ne jamais être choisis quand il s’agit de constituer les équipes en cours d’EPS. 

Je reprends le tennis à la fin du collège et jusqu’en terminale. Toujours pas plus douée, mais avec la chance d’avoir des profs bienveillants. Je retrouve le plaisir d’avoir une activité le mercredi après-midi. En terminale, je commence aussi à courir. Sans chercher à maigrir, juste pour bouger. Sans y penser, je me construis un cardio d’enfer.

Puis, en hypokhâgne, j’arrête tout. Tennis, footing… Terminé. Commence alors une décennie presque sans sport. Je m’inscris parfois à la piscine ou en salle, j’y vais, mais je ne vois pas de résultat. Je rase les murs, je me sens illégitime dans ces lieux. Je fais tâche dans le décor. J’en ressors toujours avec une image affaiblie de moi-même. Seul le Pilates, pratiqué pendant quelques mois avec une prof géniale, m’apporte un peu de joie. 

Heureusement, je n’ai pas mon permis et je n’aime pas les transports en commun. Alors, je marche. Beaucoup. Je pense ne pas être sportive, mais j’accumule les kilomètres sans m’en rendre compte. Avec le recul, je comprends que cette activité m’a permis de rester en forme et de limiter la casse niveau poids. 

En 2012, je traverse une période difficile. Je marche toujours autant… mais je mange encore plus. Les kilos s’accumulent. Une médecin m’alerte : “Attention, vous avez pris 4 kilos en un mois, ce n’est pas normal.”

Je prends mal la remarque… et je retourne m’empiffrer. Au chômage, seule chez moi toute la journée, je perds pied. Plus aucun garde-fou pour stopper mes compulsions alimentaires. En un an, j’ai pris dix kilos. 79 kg sur la balance. Un chiffre si énorme que j’ai du mal à croire qu’il me concerne. J’attends ce fameux déclic, celui qui te pousse soudain à reprendre ta vie en main.

Fin 2013, il arrive. Tous les matins, je pars courir. Pas pour maigrir. Juste pour structurer mes journées et me vider la tête alors que mes problèmes semblent insolubles.

Les kilos s’envolent. Mais, pour la première fois, ce n’est pas cela qui m’importe le plus. Ce qui compte, c’est courir plus vite, plus longtemps. Me dépasser. J’ai trouvé une passion. Et qu’importe si je mets deux heures pour un semi-marathon.

J’aborde la trentaine au top de ma forme. Mieux dans mon corps, mieux dans ma tête. Cette décennie n’est pas de tout repos, mais à chaque moment difficile, je comprends que le sport est mon ancrage. Les complexes, les doutes sont toujours là, mais je sais désormais que mon corps n’est pas un ennemi.

Longtemps, j’ai détesté mes “gros mollets”. Trop massifs, trop voyants. Je les cachais sous des jupes longues, des pantalons amples. Aujourd’hui, je vois surtout qu’ils sont puissants. Et finalement, j’aime bien l’idée d’être forte. 

Le sport ne fait pas disparaître les insécurités. Mais il change le regard qu’on porte sur soi. Et parfois, c’est déjà immense.

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