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Rencontres

Julie De Sève : welcome to the green beauty jungle

Julie De Sève, fondatrice de The Green Jungle Beauty Shop

Julie De Sève a 38 ans et vit à Montréal. Après un début de carrière dans l’aide sociale, elle a fondé en 2015 The Green Jungle Beauty Shop, une boutique en ligne de cosmétiques naturelles. Aujourd’hui le site est une référence dans le domaine, avec plus de 150 marques distribuées dans le monde entier.
Pour Petit Poudrier, elle partage son expérience d’entrepreneur et sa philosophie de la green beauty.

Comment est né The Green Jungle Beauty Shop ?
Avec mon blog, Let’s talk about green, j’étais de plus en plus sollicitée par des marques du monde entier. Au fil du temps, de plus en plus de lecteurs, me demandaient où acheter les produits dont je parlais. Bien souvent, la réponse était nulle part ! Les e-shops existants proposaient les grandes marques de green beauty comme RMS, Tata Harper ou Kjaer Weis, mais pas les marques indépendantes que l’on trouve aujourd’hui sur The Green Jungle Beauty Shop. Au Canada, il y avait très peu de e-shops de green beauty, alors j’ai décidé de me lancer.

De qui est composée l’équipe de The Green Jungle Beauty Shop ?
Aujourd’hui, nous sommes 2 à travailler sur le site. Mon mari a quitté son emploi en janvier dernier pour venir travailler avec moi, car je n’étais plus capable de faire face seule. J’ai une employée en Europe qui se charge de la gestion des réseaux sociaux en anglais. Ma sœur et ma mère m’aident bénévolement parfois. Beaucoup pensent que nous sommes une grande équipe, mais nous faisons tout nous-mêmes. Des stocks à l’envoi nous gérons tout, sans passer par des plateformes logistiques : c’est un énorme travail !

Quelles difficultés avez rencontrées depuis la création de votre entreprise ?
La première difficulté c’est de tout faire soi-même. Ensuite, l’import est extrêmement difficile. Il faut gérer les frais de douanes et les taxes. Dernièrement, nous devions nous acquitter une taxe de 25% sur les produits importés des Etats-Unis. Cela prenait toute la marge et a duré un an et demi. Nous nous sommes battus pour faire appliquer les engagements de libre-échange.

Une autre difficulté est de se faire connaître. Mes principaux canaux de communication sont Instagram et Youtube. Je fais peu de partenariats aux États-Unis, car cela coûte très cher. La notoriété du site s’est développée par le bouche à oreille. J’ai noué des partenariats avec certains youtubers, mais ils s’agit de relations de confiance et d’amitié : je leur envoie des colis, mais il n’y ni paiement ni liens affiliés derrières.

Pourquoi avoir opté pour une livraison à l’international dès le lancement de votre e-shop ?
En tant que blogueuse, j’avais beaucoup de relations en Europe : au Luxembourg, en Slovénie et en France notamment. Ma clientèle a été internationale dès le début. En termes de stratégie, cela m’a ouvert des portes. Le marché de la Green Beauty est très agressif au Canada. Chez Sephora, on trouve des marques comme Kosas ou Herbivore, ce n’est pas du tout comme en France. Livrer dans le monde entier permet de toucher une autre clientèle.

Comment choisissez-vous les marques que vous distribuez ?
Le premier critère c’est de choisir une marque qui n’est pas vendue ailleurs. Ensuite, il faut que j’en aime l’énergie. Instagram est un excellent outil de veille pour repérer les marques émergentes. Je suis également quelques blogueuses, en majorité des américaines qui sont là depuis longtemps. Elles reçoivent et achètent beaucoup de produits et toutes les nouvelles marques passent par elles. Pour le maquillage, je demande son avis sur les nouveautés à une make up artiste. Ensuite, il y a l’Indie Beauty Expo à New York et Los Angeles. Je regarde la liste des exposants en amont, on y fait toujours de belles découvertes.

Il est rare que je fasse affaire avec les marques qui me contactent directement. Cela peut sembler bizarre, mais je sais d’instinct si une marque va marcher ou pas. Parfois, je décide de donner de la visibilité à des petites marques, mais je sais qu’il leur manque quelque chose. Le problème, c’est que dans le monde de la beauté naturelle, les produits ont une durée de conservation limitée : s’ils ne se vendent pas, ils finissent à la poubelle. On ne peut pas vraiment se permettre de se tromper.

Quels sont vos critères pour savoir si une marque va se vendre ?
Cela se joue souvent au niveau du packaging et du marketing. Parfois, on voit que le créateur est motivé, qu’il a passé beaucoup de temps à faire de beaux produits, et pourtant il manque quelque chose. J’aime les marques très naturelles qui proposent des huiles, mais la green beauty a fait un vrai virage et ces marques, aux formules très simples, fonctionnent moins bien aujourd’hui.

Les clients recherchent des produits plus travaillés : ils veulent des textures, des couleurs et des actifs. Le secteur est de plus en plus compétitif. Pour vous donner un exemple, une huile démaquillante qui ne s’émulsionne pas à l’eau a peu de chance de bien se vendre.

Vous arrive-t-il de donner des conseils à des marques ?
J’aimerais le faire plus, mais les personnes ne sont pas toujours réceptives aux retours. Aussi, je ne peux pas le faire avec tout le monde, car c’est un autre métier ! Aujourd’hui je vois de plus en plus de consultants en marketing qui émergent et aident les jeunes marques : c’est une bonne chose, car un bon consultant peut tout changer. Le produit à l’intérieur est important, mais l’extérieur l’est tout autant. La stratégie est cruciale : envoyer son produit à une blogueuse pour qu’elle en parle est loin d’être suffisant. Trop de marques sortent pour les mauvaises raisons : elles ne mettent quasiment rien dans leurs produits, mais proposent des packagings roses à la Glossier. La compétition fait rage, il ne faut vraiment rien laisser au hasard pour sortir du lot.

Quels seraient vos conseils à quelqu’un qui souhaite lancer sa marque de green beauty ?
Faire une étude de marché avant de se lancer et ne pas proposer une millième huile pour le visage. Il faut rester connecté avec ce que l’on veut faire, mais également réfléchir à la façon dont on va vendre. Aujourd’hui l’expérience autour du produit est primordiale : il doit être beau, crémeux et apporter des résultats. Enfin, je dirais qu’il faut innover un peu, mais pas trop !

Sur The Green Jungle Beauty Shop vous n’avez pas de liste d’ingrédients interdits. Quelle est votre définition de la green beauty ?
Par le passé, j’ai exclu beaucoup d’ingrédients et je perdais une clientèle qui a envie d’essayer la green beauty, mais qui ne souhaite pas utiliser une huile simple. Je suis vraiment pour l’éducation : je ne suis pas chimiste et je ne me considère pas légitime pour dire aux gens ce qui est bon ou mauvais pour eux.

Récemment, il y a eu une vraie vague de violence dans la green beauty. Certaines personnes ont été montrées du doigt parce qu’elles utilisaient certains ingrédients. Je ne souhaite pas entrer dans ce débat et promettre des choses au client sans l’inciter à regarder les compositions. À mon sens, c’est là que l’on entre dans le greenwashing. Sephora appose un label green sur des produits à la composition pas du tout clean. Pour moi, l’éducation du consommateur est le seul moyen de sortir de l’ignorance.

Bien sûr, on ne trouve pas de marques conventionnelles sur The Green Jungle Beauty Shop, mais on y trouve des marques dont la composition n’est pas parfaite et c’est important pour moi de le préciser. Je fournis les listes d’ingrédients et chacun peut faire son choix.

One tree plan, une initiative pour réduire l’empreinte carbone de The Green Jungle Beauty Shop.

Julie le reconnaît volontiers, prôner un mode vie plus responsable et diriger une entreprise qui livre des commandes dans le monde entier est un brin paradoxal : “J’ai quatre enfants, je suis concernée par l’avenir de la planète. Dans ma vie quotidienne, j’essaie de consommer moins. Pourtant, je mets des colis dans des avions qui partent au bout du monde.”
Pour réduire l’empreinte carbone de son entreprise, elle vient de mettre en place un partenariat avec l’ONG One Tree Planted. Le principe est simple : pour chaque commande passée sur le site, un arbre est planté quelque part dans le monde. Une initiative qui a visiblement séduit les clients : “On permet aux clients d’acheter autant d’arbres qu’ils veulent. La réponse a été très positive, puisque beaucoup ont choisi de faire un don pour planter d’autres arbres au moment de leur commande”.

Site internet

https://thegreenjunglebeautyshop.com/

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