J’ai 39 ans, et j’ai toujours pas trouvé ma voie.
Longtemps, j’ai cru qu’un jour ça viendrait. Un déclic. Une évidence. On se lève, et tout s’aligne : le job-passion, l’ikigai. Un truc qui a du sens, mais qui remplit le frigo.
Chez moi, ce moment n’est jamais arrivé.
Petite, j’écrivais tout le temps. J’étais cette gamine qui remplit des carnets, invente des histoires, rêve de devenir romancière. Ado, je voulais être journaliste. J’étais persuadée que les mots m’ouvriraient des portes.
Mais je ne savais pas qu’on pouvait faire des études d’écriture. Qu’écrire des scénarios, par exemple, pouvait être un vrai métier. Je n’avais aucun modèle. Personne, autour de moi, n’avait fait d’études. J’ai découvert l’existence des classes prépa un mois avant la date limite, par une copine fille de prof. Je suis entrée in extremis en hypokhâgne.
La prépa, ça n’a pas fonctionné pour moi. Trop élitiste. Je ne suis pas taillée pour ça. Après une année à la fac, je me suis retrouvée au Celsa. Une “grande école” de communication. Sauf que quand on est introvertie, choisir la com, c’est un peu contre-nature.
Je ne me suis jamais sentie à ma place. Ni dans les open spaces d’une multinationale, ni dans les agences « cool ». Je n’ai jamais su tirer parti de mon diplôme. J’ai mis du temps à l’admettre, mais c’est un fait.
Après le Celsa, j’ai galéré un an. Et je voulais absolument revenir vivre à Rouen, où les offres en communication sont rares. Finalement, j’ai été embauchée comme journaliste webmaster dans un quotidien régional (oui, on disait encore « webmaster »). J’ai eu ma carte de presse. J’étais fière. Je touchais enfin du doigt mon rêve d’ado.
C’était intense, exigeant, mal payé. Pourtant, encore aujourd’hui, je garde un excellent souvenir de cette période. La seule fois où j’ai eu le sentiment d’être vraiment à ma place. De faire un métier qui me ressemblait. Depuis, j’ai souvent cherché à retrouver cette sensation. En vain.
Quand j’ai quitté ce poste, j’ai connu une vraie traversée du désert. J’ai créé ce blog (mon premier WordPress), sans savoir où j’allais. Et je suis devenue freelance. Un peu par accident.
J’ai écrit des pages, conçu des sites, goûté à la rédaction web, à la technique, à l’indépendance. Mais aussi à la solitude, à la précarité, à l’ennui.
Le plus ironique ? Les missions qui m’ont le plus emballée, je les ai faites gratuitement.
Depuis le début du blog, une idée me trotte dans la tête : vivre en racontant des histoires. Les miennes. Celles des autres.
Mais j’ai peur. Peur de ne pas être légitime. Peur de déranger. Peur d’être jugée. Alors je me freine. Je repousse. Je reste en retrait.
Je n’ose pas m’engager. Et ça se voit.
Dans le monde pro, on me le fait sentir. Mon profil est flou. On ne sait pas ce que je fais. Et moi non plus. Pas vraiment.
Ère post-Covid oblige, il y a eu des idées de reconversion plus ou moins hasardeuses. J’ai, en vrac : lancé un e-shop de vêtements vintage, commencé une formation de diététicienne, rêvé de devenir coach sportive.
Chacune de ces expériences a apporté son lot de découvertes et d’enthousiasme. Mais, au final, aucune ne m’a complètement satisfaite. Ce n’était pas un manque de passion, mais plutôt une prise de conscience : ce n’était pas la direction dans laquelle je voulais vraiment aller.
J’ai aussi testé la formation. Transmettre, expliquer, accompagner. C’était stimulant. Mais usant. Préparer des cours, gérer des groupes, se remettre en question en permanence… Je ne pouvais pas m’épuiser à ce rythme.
Et puis je suis partie. Loin. Pas pour faire le point ou “trouver ma voie”. Juste parce que j’en avais marre d’attendre le bon moment. Je suis partie pour ne pas avoir de regrets.
Ici aussi, je galère.
Je me demande chaque jour : c’est quoi, mon métier ? Qu’est-ce que j’apporte ? Qu’est-ce que je vends, au fond ?
Je n’ai pas la réponse. Et dans un monde où tout le monde semble “aligné” et “porteur de valeur”, je me sens à côté de la plaque.
Alors maintenant ?
Je cherche toujours.
En attendant, je fais ce que je sais faire. J’essaie de le faire bien. Mais ce n’est pas suffisant.
Je n’ai pas envie de faire semblant que tout roule. Parce que tous les jours, la même question me revient : qu’est-ce que je fais de ma vie ? Et je me demande souvent si, à bientôt 40 ans, c’est encore possible de trouver son truc. De s’épanouir professionnellement.
Je suis désolée pour tous ceux qui auront lu jusqu’ici : je n’ai pas de conclusion inspirante.
Pas de grande leçon.
Pas de révélation.
Mais j’ai appris un truc, quand même : mieux vaut avancer dans le flou que rester coincée dans une voie qui ne vous ressemble pas.
Et promis, si je trouve la recette magique, je vous tiens au courant !




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