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Apprivoiser l’anxiété : ma première expérience à scooter en Thaïlande

Première expérience de conduite de scooter en Thaïlande

Il y a quelques jours, j’ai conduit un scooter pour la première fois. Cela paraitra anodin à la plupart d’entre vous, mais ceux qui me connaissent, savent à quel point ma relation à la conduite est complexe. Si j’en parle aujourd’hui ici, c’est parce que mon rapport à la conduite en dit beaucoup de choses sur mes peurs et mon anxiété.

Ma relation compliquée avec la conduite

Si enfant, je sillonnais mon village sur mon vélo, conduire une voiture m’a toujours effrayée. Pourtant, j’ai grandi dans une zone rurale où le permis représente la clef vers l’autonomie et la liberté. La plupart de mes amis sont passés par la conduite accompagnée et ont décroché le précieux sésame à 18 ans. Je ne me souviens même pas avoir abordé la question avec mes parents à l’époque. Je pense avoir soigneusement évité le sujet, comme toujours lorsqu’il est délicat. Rien n’explique cette crainte de la conduite : je n’ai jamais vécu d’accident de voiture et je ne ressens pas de peur en tant que passagère. Plusieurs fois, poussée par mon entourage, j’ai commencé des cours de conduite. J’ai même obtenu mon code une première fois avant de tout laisser tomber, totalement paniquée lors des leçons de conduite.

Ne pas conduire, c’est aussi une petite honte à se traîner au quotidien, quand immanquablement vous en venez à aborder le sujet avec des connaissances. En effet, pour la plupart des gens, l’acte de conduire est si anodin, qu’il ont beaucoup de mal à imaginer une vie sans voiture, encore moins sans permis. De mon côté, voir tout le monde conduire si facilement, a toujours eu pour effet de me faire sentir encore plus mal. Pourquoi tout le monde y arrive-t-il sauf moi ?

Il y a 2 ans j’ai décidé de m’y remettre. Le parcours n’a pas été simple, et j’ai eu envie d’abandonner de nombreuses fois. J’ai repassé mon code (facile), mais la peur continuait de me paralyser lors des leçons de conduite. Pire encore : dans les périodes où j’étais très stressée, j’étais incapable de me concentrer sur l’objectif, pensant à tout sauf la meilleure manière de passer les vitesses.

Après maintes réflexion, et malgré les réticences de nombreuses personnes dans mon entourage, j’ai choisi de passer d’une boite manuelle à une boite automatique. Là, toutes les leçons se sont bien déroulées. En revanche, l’examen a été un fiasco total. Paralysée par le stress, je ne savais plus quoi faire. L’examinateur a freiné au bout de 5 minutes. La priorité à droite ? Je ne l’avais pas vue.

L’impact de l’anxiété sur ta vie quotidienne

Cette première tentative désastreuse a bien failli avoir raison de ma motivation. J’ai laissé plusieurs mois passer avant de me décider à demander une nouvelle date pour l’examen. Comme vous le savez sans doute, les délais sont très long en particulier quand vous n’en n’êtes pas à votre première tentative.

Les semaines et les mois ont passé et la date de mon départ à l’étranger se précisait sans que j’ai de nouvelles. Au fond de moi, je dois avouer que je ressentais un soulagement, mais aussi une déception. Après tant d’efforts engagés, je ne serai encore une fois pas allée au bout de la démarche … Il faut savoir, que la conduite n’est pas le seul domaine de ma vie affecté par mon anxiété. Je renonce à beaucoup de choses au quotidien par peur : de passer un coup de fil, de postuler à job de peur de ne pas être légitime. J’ai par exemple mis 10 ans à publier ma première vidéo sur YouTube tant l’idée de me confronter au montage vidéo et au jugement des autres me terrifiait. Mais, c’est le propre de l’anxiété : dès que vous commencez à faire les choses, elle s’atténue sans pour autant disparaître complétement.

Dans l’été, la fameuse date est arrivée, 1 mois avant le grand départ. J’ai repris 3 heures de leçons, sans avoir conduit depuis des mois. Au fond, je savais que le problème n’était pas mon aptitude à conduire, mais mon anxiété. Le jour J, j’ai réussi à maitriser mon stress autant que possible et j’ai finalement obtenu mon permis de conduire à 38 ans, littéralement 20 ans après tout le monde. Je n’ai pas eu l’occasion de conduire seule en France, ce qui me laisse un petit goût d’inachevé.

L’expérience du scooter : un pas vers la maîtrise de mes peurs

Quelques semaines après l’obtention de mon permis de conduire, je m’envolais pour la Thaïlande. Je savais que séjourner durablement là-bas me confronterait à une autre difficulté : conduire un scooter. Ici, c’est la condition pour avoir son autonomie. Or, si la conduite d’une voiture me stresse, être au guidon d’un deux roues était quelques chose d’impensable pour moi. Contrairement à la voiture, je stresse même en tant que passagère. Pourtant, après quelques semaines sur place, il a fallu me rendre à l’évidence : ne pas pouvoir me déplacer seule est pénible, voire dangereux dans certains cas.

J’ai commencé par effectuer quelques “leçons” sur une route peu fréquentée. La première fois, j’ai eu tellement peur en accélérant, que l’expérience s’est arrêtée net. Je ne me sentais tout simplement pas capable de faire plus. La deuxième fois, j’ai réussi à tenir en équilibre et à avancer. J’ai renouvelé cet entrainement plusieurs fois, avant de me lancer dans un projet un peu plus ambitieux : aller jusqu’au supermarché situé à environ 2 kilomètres de chez moi.

Le plus difficile, là encore, a été de calmer ma nervosité et de rester attentive à mon environnement. J’ai roulé très prudemment à une vitesse qui paraitra ridiculement lente à beaucoup, dépassant rarement les 20 km/h. J’ai essayé de me souvenir de tout ce que j’avais appris les jours précédents (le conseil le plus important : penser à arrêter d’accélérer quand vous freinez). Je peux dire que cette expérience m’a apportée son lot d’émotions tant certains détails peuvent s’avérer perturbant : le bruit des freins, les premiers croisements avec d’autres véhicules, les chiens sur le bord de la route … A l’heure où j’écris cet article, j’ai refait ce trajet une fois, mais je sais que je vais devoir m’exercer à nouveau avant de penser à faire de plus longs trajets sur des routes plus fréquentées.

Bilan de l’expérience : ne pas négliger les petites victoires

Cette expérience, bien qu’anodine est une occasion supplémentaire de me confronter à mes peurs et dompter mon anxiété en agissant concrètement. Je ne ressens pour le moment pas de plaisir à conduire, tant je suis tendue, mais une chose est sûre : chaque petit trajet effectué est une petite victoire. Surmonter mon appréhension m’a amenée à développer un peu plus de confiance en moi. Sans vouloir faire de psychologie de comptoir, j’ai conscience que ne pas vouloir conduire, c’est un peu ne pas vouloir être au volant de sa propre vie … Je célèbre donc chaque action qui, si petite soit-elle matérialise un pas de plus vers l’autonomie et l’indépendance.

Un pas après l’autre

J’espère que cet article vous incitera à relever plus de petits défis au quotidien. Ce sont finalement les petites choses qui nous amènent à sortir de notre zone de confort et à grandir. Et vous, quelles petites victoires avez-vous remportées récemment, même si elles peuvent sembler anodines ? Partagez-les en commentaire, je serai ravie d’échanger avec vous sur le sujet.

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